« Tous les rois se prosterneront devant Lui, tous les pays Le serviront » chante le psaume 71… 

La candeur de cette prophétie (psaume 71) aurait de quoi alimenter le cynisme ordinaire… :

Cela fait belle lurette que Dieu est chassé de la plupart des pays du monde ! Feu la chrétienté ! Quant aux nations qui invoquent le nom de Dieu, la plupart brandissent une idole qui n’a rien à avoir avec la révélation du vrai Dieu : ils se forgent un prétexte aux pires exactions. Les pays dans lesquels le vrai visage du Dieu et le visage du vrai Dieu ont été découverts, dont l’histoire est indissociablement liée au christianisme, comme le nôtre, ont fini, à force de régicides et de parricides à renier leur vocation divine. La chasse aux crucifix et aux crèches sont le pitoyable symbole d’une abjuration plus radicale. Pire, nombre de baptisés ne daignent plus s’agenouiller devant Dieu : supérieurs aux apôtres, aux prêtres et aux rois, le credo libertaire et la fierté citoyenne les inspire davantage que l’Évangile et la Tradition. Ce psaume est donc aussi anachronique que pathétique: il ignore de quel pas assuré le monde s’est avancé depuis. Il ne tient pas compte des progrès accomplis et de l’évolution des mentalités.

À moins qu’il énonce une insolente vérité. Le mystère selon lequel le défilé des hommages rendus « en ce temps là », la longue marche inaugurée par les bergers et les mages, ne se soit, en vérité, jamais arrêté. Que rien n’ait jamais pu rompre la file des petits venus donner… de leur temps, de leur prière, de leurs présents − sans parler de ceux qui versèrent de leur sang pour Celui qui est le Fils de Dieu venu en notre chair. En vérité, cette parole de Dieu a commencé à s’accomplir au milieu de cette Nuit Sainte entre toutes. Des quatre coins du monde, des pauvres en esprit, bergers ou rois, commencèrent à converger pour adorer « en esprit et en vérité », engageant ainsi un irréversible et singulier pèlerinage. Depuis lors, les périodes les plus médiocres de l’histoire chrétienne n’ont jamais été privées de genoux assez humbles pour toucher la terre, ni de lèvres assez pures pour baiser le front du Sauveur. Rien n’a jamais pu totalement compromettre le mouvement enclenché au jour de la manifestation du Sauveur. Aucune force n’est jamais parvenue à empêcher le rassemblement des enfants de Dieu ! Leur joie est un rempart imprenable et la petite procession qu’ils perpétuent obstinément n’est rien de moins que l’ « Église du Seigneur », peuple de rois et patrie universelle où l’adoration et le service de Dieu ne cesseront jamais d’être assurés, dès ici-bas et pour l’éternité.